Robert sans Robert
de Bernard Sasia
Documentaire – France - 1H33min
Co-écriture : Bernard Sasia et Clémentine Yelnik
Montage : Bernard Sasia
Production : Agat Film
Mikros image a ressorti les masters des films de Robert Guédiguian et a conformé et étalonné les images du documentaire
A l’occasion d’une rétrospective dans le cadre de Marseille 2013, capitale européenne de la culture, Robert Guédiguian cherche un réalisateur pour un projet de film sur son travail. Bernard
Sasia, son monteur attitré depuis 30 ans lui propose de faire ce film qui est aussi son premier film en tant que réalisateur. Sans scénario préalable, au fil de sa mémoire et avec l’aide de
Clémentine Yelnik pour l’écriture, il démonte les images réalisées par Robert Guédiguian et, de manière toute personnelle, les remonte pour créer un autre récit. Il nous raconte Robert, le
montage, la création dans l’ombre, l’amour du cinéma. Par la magie du montage, Ascaride, Daroussin, Meylan deviennent les héros du monteur. Ils se donnent la réplique par-delà les films et le
temps.
Chef monteur français, Bernard Sasia a une longue carrière derrière lui. Fidèle aux réalisateurs, l'homme s'illustre aux côtés de Robert Guédiguian duquel il monte plus de la moitié des films, de
Marie-Jo et ses deux amours à Lady Jane. Toujours côté réalisateurs, le technicien s'attache à Pierre Carles auteur de La sociologie est un sport de combat ou Pas vu Pas Pris. Enfin, Sasia
s'amarre aux débutants et monte le court métrage Lepokoa de Safy Nebbou ainsi que ses longs métrages Le Cou de la girafe, l’Empreinte de l'ange et son bout d'essai pour Enfances. Capable de
s'échapper de son cercle habituel, il travaille avec Zabou Breitman sur Se souvenir des belles choses, et François Dupeyron sur C'est quoi la vie ?
Entretien :
Qu’avez-vous fait pour que ce mélange d’histoires devienne un véritable film ?
Pour éviter le côté “best of” de séquences ou bande annonce pour une rétrospective Guédiguian, le film devait trouver son écriture, sa propre histoire […]
Le monteur sera le personnage central du film. C’est avec son regard, son écriture, ses outils de travail qu’il nous racontera des histoires... des histoires montages, comme de bien
entendu.
Et alors ? Quelle a été la réaction de Robert Guédiguian quand il a découvert les histoires “comme de bien entendu” de son monteur ?
Bonne. Nous ne nous sommes pas fâchés ! Je l’ai même vu rire !
Je crois que si Robert accepte le film, c’est parce que je n’ai pas profité de ma position de “monteur officiel” pour parler à sa place ou m’imposer comme un spécialiste de son cinéma. Au fur et
à mesure du montage, avec la complicité de Clémentine, j’ai développé mon propre regard. Le film s’est construit avec les images de Robert, mais avec une écriture qui m’est personnelle. Avec la
sincérité d’un premier film. Ces histoires parlent de Robert, de son cinéma, de la tribu, de notre amitié qui a marqué 30 ans de ma vie, mais aussi, de ma conception du montage, de mes rêves à
moi. […]
Quel a été votre fil directeur pour retraverser et vous réapproprier ce matériau considérable ?
Je n’ai pas abordé ce travail comme un historien ou un critique de cinéma, qui commencerait par regarder les 17 films, prendrait des notes, sortirait les plans les plus significatifs. Je me suis
laissé guider par ma mémoire. Les plans qui sont dans le film sont principalement ceux dont je me souviens. Pas forcément les plus beaux, ni les plus significatifs. […]
Marie-Anne GAUDARD-SMAER
Pour le festival du film de Muret